RACHEL & AS d'ESTRUVAL

Comme vous le savez, je vous montre mes tableaux une fois qu’ils sont terminés. Mais je ne peux pas poster celui-là sans un commentaire. L’histoire autour de ce tableau avait bien commencé mais elle a pris un tournant dramatique en cours de réalisation.

Ce tableau est la commande d'un mari attentionné, homme de cheval : Richard Chatel, responsable du pre-entrainement pour Guillaume Macaire en collaboration avec sa femme Rachel
Rachel est tombée profondément amoureuse d'As d'Estruval : elle le suivait partout, l'amenait au rond de présentation avant chaque course quand c'était possible. Le tableau qui les représente tous les deux devait être un beau cadeau surprise pour son anniversaire, commandé et COMMENCÉ bien avant le jour du Grand Steeple 20016. Certains entre vous savent que l'As d'Estruval avait de grandes chances de remporter ce prix.
Et le drame s'est produit ... l'accident fatal, qui a donné un gout très amer à cette course.
J'ai à nouveau ressenti ce malaise, déjà vécu dans mon passé de cavalière d'entrainement, ce choc, cette douleur, l’incompréhension totale et une complète remise en question.
Plus d’une fois je me suis dit « J’arrête"... surtout lors de l'accident terrible de Jair du Cochet. Alors pourquoi ai-je continué encore pendant des années ?
Parce qu'il y avait Mister Pouce, Segré, Loup Garou et mon petit Meisir du Luc (16 ans aujourd’hui et toujours à mes cotés ) et bien d'autres que je ne pouvais pas abandonner sur un coup dur.
J'avais choisis un métier de passion à haut risque, mais avant tout par amour pour les chevaux et le plaisir de cette monte sportive, cette façon d'entrainer des chevaux en troupeau de manière bien plus naturelle pour eux que ne peuvent le penser les gens extérieurs aux courses.
Voir leur évolution, leur développement physique et mental, gérés par de grands professionnels. Le travail d'équipe, le stress de la course et la joie de la victoire ou la remise en question après une défaite pour encore chercher plus loin.
Égoïste? Peut être. Je ne sais pas !
Ne plus utiliser les chevaux pour leur offrir un avenir meilleur ne me semble pas un rêve très réaliste. Plus "d’utilisateurs", plus d’éleveurs, plus de chevaux ...
Les lâcher dans la "nature" serait leur mort certaine.
Faire du mieux que l’on peut avec ce que nous avons est plutôt ma devise assez pragmatique.
Mettre tout en œuvre : les meilleurs conditions, le meilleurs savoir-faire, le plus de temps possible pour eux me semble le plus adapté pour rendre leur vie la plus agréable possible.
Mon défi de tous les jours !

C'est donc avec beaucoup d’émotion que j'ai terminé cette toile.
Je suis triste et désolée pour l'entourage proche qui souffre bien plus que moi.
J'espère que Rachel retrouvera un petit bout de son âme dans ce tableau et le courage de continuer de donner son amour à des chevaux qui n’attendent que cela.

peinture à l'huile sur toile de lin
50 x 70 cm
caisse américaine "or"