"La peinture vient de l'endroit où les mots ne peuvent plus s'exprimer." ( Gao Xingjian )



dimanche 20 janvier 2008

JAIR DU COCHET pour Jacques Ricou


DISPONIBLE EN CARTE POSTALE

PASTEL 75 X 95 cm
Réalisation d'après une magnifique photo
de J. CH. Briens que je tiens à remercier !
http://www.briensphoto.com/

Jaïr du Cochet

Je l'ai monté, je l'ai aimé.
Jamais un cheval ne m'a autant impressionné physiquement.
Pourtant il n'était pas parfait. Ceux qui apprécient le modèle d'un cheval tel qu'il nous est présenté dans les livres auraient pu lui reprocher des jarrets beaucoup trop droits, et des paturons beaucoup trop bas jointés. Il fallait le regarder se déplacer et sentir cette puissance sous la selle...Jaïr n'avait rien de commun. C'était un cheval de génie, doué d'une sensibilité hors norme (beaucoup de sang !).
Dans son corps d'Hercule, il était prêt à conquérir son royaume à tout moment. Cependant, ce colosse était timide et avait besoin d'être materné, rassuré. Il savait toucher par son comportement ceux qui étaient attentifs à son coeur.
« Le génie commence les beaux ouvrages, mais le travail seul les achève »
(Josephe Joubert)
Ceux qui se souviennent de l'émission d'Equidia racontant son pré-entraînement chez Mr.Aubré ont entendu l'histoire d'un poulain plutôt compliqué au départ avec un débourrage qui fut loin d'être une simple formalité... Il n'était pas rare que les cavaliers se re­trouvent par terre jusqu'à dix fois dans une séance... Le pari n'était pas gagné d'avance ! La nature avait surdéveloppé tous les instincts de Jaïr en plus de sa force et sa sensibilité. Surtout l'instinct de la fuite en avant dont il savait se servir lorsqu'il voulait échapper à ce qu'il considérait comme un danger...
Quand j'ai fait sa connaissance, la phrase de Jean Luis Schiltz, mon instructeur pendant le Monitorat, m'est revenue en mémoire: "rien ne remplace le sang". C'était une citation qu'il utilisait et illustrait et qui m'a éclairée sur les chevaux et l'équitation par la suite. Jaïr avait, par-dessus tout du sang, au point d'être parfois un peu débordé par ses émotions. Mais il ne trottinait pas partout inutilement. Il était plutôt comme un volcan qui bouillonne dans ces fonds invisibles jusqu'à l'imprévisible arrivée de l'éruption.
Après son débourrage, Jaïr a rejoint l'écurie de Guillaume Macaire. Quel fut le début de l'histoire d'amour entre ce cheval et Jacques Ricou ? Je ne le sais pas. Il suffisait de les observer pour savoir qu'ils se faisaient mutuellement une confiance totale.
Ils étaient en osmose. Des âmes sœurs !
Le crack jockey parle de Jaïr comme du cheval de sa vie, le cheval de sa carrière :
« C'est lui qui m'a fait connaître. Ce cheval était comme un membre de ma famille... »
(OF COURSE 11/2007)
Leur relation était bien au-dessus de ce qui peut être raconté avec des mots.
Alors j'adorais mon métier de lad, qui me permettait de suivre l'énorme travail qu'il faut pour faire d'un génie un cheval de course « civilisé» ! Dans les meilleurs jours je « touchais » ce cheval, sinon je l'observais, ayant conscience d'assister à un spectacle qu'aucun scénariste ne saurait inventer. Le soleil illuminant la robe splendide de Jaïr galopant dans son action magique ne pouvait que susciter l'émerveillement.
L'histoire de Jaïr c'est l'histoire d'un crack qu'on n'a pas eu le temps de connaître assez. C'est une histoire trop courte, qui nous laisse assommés et si tristes!
Je peins ce tableau avec plusieurs années de retard et je m'en excuse auprès de son Jockey ! Je ne me sentais pas à la hauteur pour le représenter à sa juste valeur d'abord et en plus, il m'était impossible de peindre avec la main qui tremble et des l'armes dans les yeux... Je me ne sens toujours pas à la hauteur, mais je tenais à lui rendre hommage. J'espère avoir été capable de lui redonner vie un tout petit peu.

Ne méprisez la sensibilité de personne.
La sensibilité de chacun, c'est son génie (Charles Baudelaire)

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